Génèse du texte
A quoi ça tient, l'imagination ?
A-t-on vraiment besoin de rêver pour se construire ? Comment se construit-on quand on n'a pas de rêves ? Pas de désir ?
De nombreux adolescents appartenant à la génération dite « Génération Y nostalgique et mélancolique » font état d'un désintérêt profond pour leur avenir et d'une incapacité à se projeter dans des figures valorisantes et fantasmées d'eux-mêmes.
Nostalgiques d'une époque qu'ils n'ont jamais connue, ces adolescents se tournent volontiers vers un passé envisagé meilleur que ce que l'avenir pourrait leur réserver. Résignés face à une société éminemment inhospitalière et un avenir peu réjouissant, le rêve, le désir, l'enthousiasme et l'engagement disparaissent peu à peu de leur quotidien.
Et les Astres... naît des rencontres que j'ai faites lorsque je travaillais en milieu scolaire, comme assistante d'éducation, intervenante prévention santé ou comédienne. Heurtée par les témoignages de ces adolescents et jeunes adultes prématurément désengagés de leur propre vie, ce texte tente, dans un rapport intime et poétique à l'écriture, d'explorer et d'analyser les ressorts de ce qui créé le désengagement, la désillusion, pour proposer un parcours à la fois singulier et universel, avec, pour vecteur principal, le rêve.
Note d'intention
Il y a différentes sortes de rêves.
Ceux que notre subconscient fait naître dans nos esprits lorsque nous dormons, parfois oppressants, farfelus, somptueux ou révélateurs et ceux que nos désirs, pulsions, fantasmes chérissent au quotidien, lorsque nous sommes bien éveillés.
L'un comme l'autre ont en commun de provoquer des sensations et des émotions fortes, de surprise, d'extase ou d'extrême angoisse. Souvent, nous nous rappelons de nos rêves par les sensations qu'ils ont provoquées plus que des images qu'ils ont générées. On dit aussi qu'il est parfois préférable de laisser nos rêves inassouvis, à l'état de fantasme, de peur que la réalité ne soit décevante en comparaison. Ce qui est sûr, c'est que nous rêvons tous et toutes, quelque soit notre manière de rêver. Notre singularité va se définir par les formes que prennent nos rêves mais les procédés d'invention et de créativité mis en œuvre sont les mêmes et font de nous des êtres semblables par notre aptitude à ressentir et éprouver.
Dans cette pièce portée par deux interprètes, un musicien et une comédienne, nous nous sommes intéressés à cette notion de rêve dans ses multiples formes, dans ce qu'elle véhicule d'émotions, de sensations, d'espaces-temps absurdes et dilatés, de fantasmes et de projection de soi. Ici, pas question d'artifice, tout se construit à vue dans une économie de la scénographie. Nos axes de travail reposent essentiellement sur le rythme, la musique, le mouvement des corps et de la lumière au service d'une fantasmagorie du songe.